Patrick Jouin et Lelièvre Paris présentent « Rain », une collection de tapis inspirée par les coulures de peinture.
« La collection « Rain » est née de l’observation des aléas des coulures de peinture sur la toile et la fascination qu’elles suscitent. La matière liquide se transforme en quelque chose de solide, figée dans une coulure. Ce geste, je veux le garder en action, capturer son essence même. Le geste demeure présent, toujours vivant, même si c’est la gravité qui le dicte. L’idée est alors de transposer ce geste pictural dans le tapis (…). Nous avons utilisé des matières telles que la laine et la soie, des matières attendues mais transformées. C’est une sorte de transfert, un passage de la peinture à la tapisserie. La matière jouera du mat et du brillant, créant des reflets. Comme sur un tableau, le regard du spectateur et son rapport avec la toile deviennent centraux. La matière picturale change, à la manière d’un tableau de Soulages. La laine et la soie deviennent ainsi notre palette, nos pigments. Nous les utiliserons comme de la peinture à l’huile, les faisant couler, jouant des textures et des reflets. Le tapis réagira à la lumière, comme la couleur et la matière réagissent sur une toile. »
Patrick Jouin, designer
Noué main – 100% laine de Nouvelle-Zélande – Coupé et bouclé – 250×350 cm – Hauteur de poil : 5 mm – Crédits photos ©Thomas Duval
« Le jeu se construit autour d’un motif récurrent dans l’histoire de la peinture : la coulure. Elle symbolise le mouvement, la transformation et la capture d’un instant éphémère dans une forme pérenne. Ce motif apparaît de manière sous-jacente pendant la Renaissance, où les coulures de sang se retrouvent dans les représentations des Saints, comme dans les œuvres de Tintoret et Cranach. Il devient plus affirmé dans les œuvres de Caravage et atteint sa célébration avec l’école de l’abstraction, notamment avec Jackson Pollock, Jasper Johns et Cy Twombly, où elle devient énergie pure, compulsive, envahissant la totalité de la surface. Naturellement, je pense à la série “Waterfall” de Pat Steir, qui nous rappelle le flux incessant et l’énergie brute de la nature. C’est ce geste, ce flux incessant que nous voulons immortaliser dans nos créations. L’animation de la lumière sur la surface du tapis deviendra une danse visuelle, une performance continue où la matière, la lumière et le regard se rencontrent et se réinventent sans cesse. »
Patrick Jouin
Noué main – 35 % laine de Nouvelle-Zélande et 65 % soie – Coupé et bouclé – 90×560 cm – Hauteur de poil : 5 mm – Crédits photos ©Thomas Duval
Noué main – 45 % laine de Nouvelle-Zélande et 55 % tencel – Coupé et bouclé – Dimensions : 216×250 cm – Hauteur de poil : 5 mm – Crédits photos ©Thomas Duval
Crédits photos ©Thomas Duval