Exposition « Traits de Plume », de Patrick Di Meglio, à l’Abbaye Saint-André

L’exposition « Traits de plume » de Patrick di Meglio, une ode à la fragilité de notre monde, se déroule jusqu’au 1er septembre 2024 au sein de l’Abbaye Saint-André, à Villeneuve-lez-Avignon. Le plasticien nous emmène au cœur de sa création, révélant la trame, la matérialité et la délicatesse de la plume.


Coq – Crédits photos ©Patrick di Meglio

« Traits de plume » est une exposition insolite et inattendue qui restitue le rapprochement entre l’artiste Patrick di Meglio et ce lieu exceptionnel qu’est l’Abbaye Saint-André à Villeneuve-lez-Avignon (Gard). L’installation, dans l’ancienne cuisine des moines, propose différents supports : tableaux, suspensions et sculptures qui rassemblent, chacun d’entre eux, une accumulation de centaines de rachis de plumes. Le plasticien, installé à Gordes, présente des œuvres récentes créées spécialement pour cette exposition qui se tient jusqu’au 5 septembre 2024.

L’artiste plasticien Patrick di Meglio – Crédits photos ©A. Weider

Ce nouvel accrochage débute par une immense vitrine entièrement dévolue à l’explication indispensable pour le visiteur de sa technique de réalisation. Un espace est dédié à la projection de deux films dévoilant l’artiste en cours de création dans son atelier, filmé par Samuel Meeldijk.

Une trentaine d’œuvres sont mises à l’honneur. Au cours de ce parcours artistique, Patrick di Meglio nous emmène au cœur de sa création, révélant la trame, la matérialité et la délicatesse de la plume. Traits nerveux ou sensuels, l’artiste compose des histoires avec passion.

« Mon inspiration renvoie à des images puissantes surgies de la peinture de Hans Hartung », reconnaît l’artiste qui plonge le visiteur dans une nouvelle forme d’art faisant écho à son amour de la nature en danger et à la beauté fragile des oiseaux.

Plasticien singulier, Patrick di Meglio ne tord pas la matière, c’est toujours elle qui le guide. Sur fond blanc ou noir, il juxtapose, entrelace, ou accumule pour ses œuvres grands formats des centaines de plumes de cigogne, de goéland, de buse, de mouette, de bécasse, de paon… Il les dénude, effeuillant délicatement barbes et barbules, brûlant leur duvet et ne gardant que le rachis, parfaitement poli.

Mouette – Crédits photos ©A. Weider

Cinquante, cent, deux cents par tableau, comme autant de traits ou de coups de pinceau, créant un graphisme proche de la calligraphie. D’ailleurs, l’inspiration première fut l’idéogramme chinois, dont l’artiste se détachera pour laisser le mouvement de la plume le guider. De l’accumulation des rachis naissent alors des œuvres rondes ou oblongues, véritables odes à la féminité.

Jouant le contraste du velouté et de l’acéré, ce déconcertant matériau trace dans l’espace une calligraphie nouvelle, que l’artiste souligne parfois d’ardoise, de métal, de bois, composant ainsi des symphonies aux notes graves, sereines ou joyeuses, mais toujours inédites.

Patrick di Meglio, un artiste multiple

L’aventure des plumes a pris forme en 1994, lorsque Patrick di Meglio “rencontre” ce qui deviendra l’étonnant support de ses créations. Dans un coffre en bois, il découvre une collection de milliers de plumes -cigogne et buse-. Au début, il les utilise en masse et s’initie à l’art brut, profitant de cette profusion pour créer une matière douce au toucher. Puis l’artiste ajoute d’autres matériaux venus de la nature : ardoise, métal, bois flotté…

Au gré de ses vies multiples et de ses déménagements, Patrick di Meglio referme le coffre en bois quelques années, avant de le rouvrir en 2003. Il découvre alors que les plumes sont détériorées. L’œil du graphiste et du plasticien s’éveille alors. Il perçoit ce qui deviendra le prolongement de son besoin de créer : la plume, dénudée. Le travail de l’artiste démarre ici. Il arrache vexille, barbe et barbules, brûle le duvet, pour ne garder que la tige. Le rachis, poli soigneusement au papier de verre, se mue en un trait graphique nerveux, élégant.

Crédits photos ©A. Weider

À Alger, où il est né au milieu des années 1950, Patrick di Meglio prend rendez-vous avec la matière, la couleur et la création. L’arrière-boutique de la droguerie familiale sera sa source d’inspiration. Plongeant ses mains d’enfant dans les poudres colorées destinées à teindre les enduits à la chaux, il vit, sans le savoir, ses premiers émois de plasticien. Dès lors, son parcours ne sera plus qu’une succession de rendez-vous avec l’art.
À Grenoble d’abord, où adolescent il découvre le cinéma et l’art. Inscrit aux cours du soir de l’école des Arts déco, il y apprend les bases du dessin, de la sculpture, de la gravure, de l’histoire de l’art et il intègre l’école d’imprimerie et d’arts graphiques. Cet enseignement formera son œil à l’esthétique graphique et à la subtilité du trait. Il est initié aux reportages photo et vidéo, au travail en labo…Ce qui lui permet d’accéder au monde de l’Art.
À Paris, il devient le directeur artistique de grands magazines d’informations. Parallèlement à son activité professionnelle, Patrick di Meglio n’a de cesse de créer. La peinture lui permet d’explorer des couleurs qui traverse son œuvre monochrome, et qu’il délaisse pour reprendre contact avec la matière. Le squelette robuste et délicat des plumes est le terrain de jeu du plasticien qui tantôt les assemble en une sculpture élégante, tantôt en révèle la profondeur sur toile où le noir se fait couleur. Depuis 2003, ses plumes s’exposent en France dans de nombreuses galeries.

A propos de l’Abbaye Saint-André

Vue du fort de l’ensemble de l’Abbaye – Crédits photos ©Maynard

Au cœur de l’enceinte du fort Saint-André qui domine Villeneuve-lez-Avignon (Gard), l’abbaye bénédictine et royale de Saint-André ouvre aux visiteurs ses somptueux jardins en terrasses et son palais abbatial. Un lieu rare qui mêle l’art des jardins, une mosaïque de patrimoines et l’histoire du Languedoc et de la Provence depuis le VIe siècle. Ayant reçu le label “Jardin remarquable” en 2014, les jardins de l’abbaye se déploient entre les vestiges des églises romanes et les tombeaux du haut Moyen Age : plantes méditerranéennes, oliviers et pins centenaires… Remanié fin XVIIe par l’architecte du Roi, Pierre Mignard, le palais abbatial conserve des salles voûtées, un portail et un escalier monumental… Les peintures murales d’Émile Bernard ainsi que de nombreuses collections sont aussi à découvrir lors de la visite (pour les groupes).
L’Art et la musique s’invitent aussi régulièrement à l’abbaye, l’agenda des expositions et animations est consultable sur le site www.abbayesaintandre.fr

Crédits photos ©A. Weider, Maynard, Patrick di Meglio

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