Le département Mobilier & Objets d’Art d’Artcurial présentera aux enchères, le 17 juin prochain à Paris, une pièce d’exception : la plus ancienne et la plus fidèle réplique connue du célèbre collier de la Reine, au cœur de l’affaire qui a bouleversé la cour de France à la veille de la Révolution. Il s’agit de l’une des trois seules répliques identifiées à ce jour, provenant de l’ancienne collection de Lucien Baszanger (1890–1971), joaillier genevois et descendant direct de Paul Bassenge, co-créateur du collier originel avec Charles Böhmer.


Symbole d’un des plus grands scandales de l’Ancien Régime, l’affaire du collier de la Reine, survenue entre 1784 et 1786, éclaboussa la cour de France. Tout commence sous le règne de Louis XV. Les joailliers allemands Böhmer et Bassenge réalisent, à la demande du roi, un collier exceptionnel destiné à sa favorite, Madame du Barry. Composé de près de 650 diamants, totalisant 2 800 carats, et d’une centaine de perles, il s’agit alors du bijou le plus somptueux jamais imaginé.
Mais à la mort du souverain en 1774, l’ouvrage reste inachevé et invendu. Ruinés, les bijoutiers tentent en vain de proposer la pièce au nouveau couple royal, Louis XVI et Marie-Antoinette.
Resté invendu après la mort du roi, le bijou attire l’attention de Jeanne de La Motte, une jeune comtesse ruinée, qui exploite la situation. Elle profite de la vulnérabilité financière des bijoutiers et de la disgrâce du cardinal de Rohan auprès de la reine pour élaborer une escroquerie aussi ingénieuse qu’audacieuse impliquant à son insu la reine Marie-Antoinette.
Prétendant agir au nom de la reine, Jeanne de La Motte convainc le cardinal que la reine souhaite secrètement acquérir le collier. Des lettres apocryphes sont rédigées, une femme ressemblant à la souveraine le rencontre de nuit dans les jardins de Versailles, un faux contrat de remboursement est établi, et même un enfant médium est impliqué pour entretenir l’illusion. Trompé, le cardinal accepte d’acheter le collier pour 1,6 million de livres, qu’il remet à Madame de La Motte. Celle-ci s’enfuit avec le bijou, démonte les diamants et les revend à l’étranger. L’affaire éclate publiquement le 14 août 1785. Le cardinal de Rohan est arrêté et accusé de vol et de crime de lèse-majesté, tandis que Jeanne de La Motte et ses complices sont emprisonnés.


Représentation exacte du grand collier en brillants de Böhmer et Bassenge – Gravé d’après la grandeur des diamants Paris, chez M. Tannay, rue d’Enfer – Crédits photos ©DR
Bien que totalement étrangère à l’escroquerie, Marie-Antoinette est violemment prise à partie par l’opinion publique, persuadée qu’elle aurait pu se livrer à de telles dépenses secrètes. Cette affaire ternira durablement son image et nourrira un climat de défiance irréversible envers la monarchie.
La réplique historique proposée à la vente, est estimée entre 30 000 et 50 000 €. Conservée précieusement dans la famille du joaillier genevois Lucien Baszanger (1890–1971), descendant de Paul Bassenge, contraint à l’exil aux Pays-Bas après la Révolution française, elle a été réalisée d’après le modèle original aujourd’hui disparu, dont les diamants ont été dispersés par Jeanne de La Motte.


Le collier porté par l’actrice Viviane Romance lors du tournage L’Affaire du collier de la Reine de 1946 réalisé par Marcel L’Herbier – Crédits photos ©DR
Réalisée selon la composition dite « en esclavage » du bijou original, cette réplique en alliage d’argent et de métal est sertie de pierres d’imitation sur paillon. Elle se distingue par sa fidélité remarquable à la gravure annotée conservée à la Bibliothèque nationale de France, ce qui lui a valu d’être utilisée dans plusieurs productions cinématographiques -notamment L’Affaire du collier de la Reine (1946) et Marie-Antoinette, Reine de France (1955)- ainsi que d’être exposée au Château de Versailles lors de l’exposition Marie-Antoinette, archiduchesse, dauphine et reine en 1955.
Informations pratiques
Artcurial : 7 rond-point des Champs-Élysées Marcel-Dassault 75008 Paris
Exposition publique : Du vendredi 13 juin 2025 au mardi 17 juin 2025 11h-18h
Vente aux enchères : Mardi 17 juin 2025 – 17h00
Crédits photos ©DR